Articles les plus récents
-
Un extrait du texte de Robert HAINARD « ET LA NATURE ? »
« Je viens de dessiner un héron cendré dégingandé, se pouillant au soleil brumeux d’octobre, devant l’eau d’un bleu fort, doux et gai et les galets éclatants.
Les roseaux craquettent doucement au soleil, le vent est frais dans mon dos. Les mouettes se croisent et moucheronnent, les corneilles, une noix au bec, plaquent contre le ciel de brume légère des taches noir dur. Le cri traînant et farouche du faucon pèlerin déchire l’espace, venant des grandes falaises de sable.
D’où vient cette paix ? Est-ce la voix du Rhône qui s’enfle périodiquement d’éclaboussures plus fortes ?
Est-ce des doux verts-jaunes mêlés de paille, du sable gris-blanc ombré de bleu-gris ?
C’est mon cher pays, on va tailler dedans de grandes choses schématiques. Je le sais sans pouvoir le croire.
Il est des pays semblables en aval. Leur sort est déjà décidé. Tant de chose ont disparu, tant d’autres disparaissent peu à peu. Je voudrais pouvoir accepter ce qui semble être la marche normale du monde.
On a tort quand on n’est pas d’accord avec les faits et pourtant, pourquoi ne puis-je pas me résigner ? Il faut quand même que j’essaie de m’expliquer. »
Robert HAINARD, ET LA NATURE ?, page 15Robert HAINARD « ET LA NATURE ? » - Réflexion d’un peintre – Illustré de 12 planches hors-texte de l’auteur – GENÈVE – ÉDITIONS GÉRARD DE BUREN, 1943
Consulter le site de la fondation Robert Hainard : www.hainard.ch
Photographie : Nicolas PINCZON – Canard souchet (Spatula clypeata), couple en train de se toiletter les plumes au bord de l’eau, à la tombée de la nuit – 13 avril 2022 – Vallée de la Garonne, 47-RNN de l’Etang de la Mazière
Un excellent anniversaire au journal le plus lu dans les terriers !
Je vous invite à écouter sur France Culture, l’émission « Une histoire particulière ». Un documentaire de Christine BERNARD, diffusé les 29 et 30 janvier 2022, de 13h30 à 14h00.
https://www.franceculture.fr/emissions/serie/les-50-ans-de-la-hulotte-le-journal-le-plus-lu-dans-les-terriers
Pour beaucoup de naturalistes le travail de Pierre DÉOM compte énormément. Pour ma part, j’avais publié un petit texte à propos de ce "little-big" journal : « fils de la hulotte » consultable sur ce même blog à la date du 19 juin 20218.
Bien évidemment, c’est le site de la Hulotte qu’il faut aussi aller voir :
https://www.lahulotte.fr/index.phpLe Grand Cormoran face aux actions des Fédérations de pêche et de protection des milieux aquatiques en France : 23 ans de tirs dans les dortoirs ! Ces actions sont reconduites de manière chronique…
Photographie : Nicolas PINCZON – Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), immature (probablement 2A) sur un reposoir au-dessus de l’eau, Gave de Pau – 30 avril 2021 - 64 PAU
Comment commencer l’année 2022 ? Après quelques repas de fêtes en famille, lors desquels certains sujets rôdent ? Celui des tirs autorisés par les préfectures sur le Grand Cormoran par exemple ? Mais qu’est-ce que le statut ambigu de cet oiseau illustre finalement. Je tenais à évoquer cette espèce plus longuement à travers cette publication :
Le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) fait partie de la famille des phalacrocoracidés. Cette famille d’oiseau aquatique originaire des milieux tropicaux de l’Océanie s’est semble-t-il répandue il y a plusieurs millions d’année sur l’ensemble du globe. En Eurasie, des ossements ont été trouvés sur des vestiges de campements humains datant d’au moins 15000 ans, démontrant sa présence en Europe où il était peut être consommé occasionnellement pas les peuples chasseurs-cueilleur. Les populations européennes du Grand Cormoran ont par la suite été progressivement et méthodiquement éradiquées au fil des siècles par des actions de destruction, ne laissant que quelques colonies subsister…
L’espèce est protégée au niveau national en 1979 (Directive Oiseaux n° 79/409/CEE du 2 avril 1979). Dans un contexte qui ne lui est pas défavorable (sur le plan de sa protection mais également du fait de la modification des écosystèmes aquatiques européens dont l’eutrophisation chronique de la majorité des secteurs due aux rejets de l’agriculture intensive favorise la biomasse de certaines espèces de poisson), il reconstitue une population qui occupe toute l’Europe en à peine 30 ans.
Au sein des populations notamment européennes, il est possible de distinguer, depuis toujours, 2 formes probablement proches génétiquement mais sensiblement distinctes sur des aspects écologiques et morphologiques :
la forme qui exploite les milieux aquatiques océaniques (et qui niche sur des rochers) -Phalacrocorax carbo carbo – dont les mâles conservent les plumes de la tête presque entièrement noires toute l’année,
la forme qui exploite les milieux aquatiques continentaux (et qui niche sur des arbres) - Phalacrocorax carbo sinensis – légèrement moins massive et dont les mâles acquièrent un plumage blanc-grisâtre caractéristique sur la tête en période de reproduction en plus de la nette tache blanche au niveau du tibio-tarse.
C’est une espèce essentiellement piscivore qui recherche lorsqu’elle s’alimente les espèces de poissons abondantes et grégaires, de taille très variable et facile à attraper. En France, sur les habitats d’eau douce, d’après les études de F.Fonteneau, J.Le Gentil, J.M.Paillisson, A.Carpentier, L.Marion en 2004 et 2009 (9784 poissons identifiés dans des contenus stomacaux), les Cyprinidés (Gardons, Brèmes, Ablettes, Carassins, Barbeaux, Chevaines, Tanche…) avec la Perche commune (Persidés) sont les groupes de poisson le plus capturé (69,2% des proies). Selon les sites de prélèvement une espèce comme le Gardon passe de 3,2% à 60,9% des proies ce qui montre l’opportunisme de l’oiseau. Signalons les résultats pour des espèces comme l’Anguille d’Europe (Anguillidés) qui est de 0,4% et pour le Brochet commun (Esocidés) qui est de 0,5%. On notera également, comme les naturalistes l’observent souvent, la capture du Poisson-chat (Ictaluridés) dans les zones où il est bien présent.
Un individu consomme au maximum 21% de sa masse corporelle par jour sur une étude réalisée en Ecosse (Grémillet, 2003). Mais cela reste moindre sur des zones plus chaudes comme le sud de l’Europe et pour des oiseaux plus petits, ainsi la Ligue pour la Protection des Oiseaux précise qu’en hivernage en France l’espèce habituellement ne pêche que 16% de sa masse corporelle par jour (360 gr en moyenne). Précisons que la masse de la sous-espèce Ph.c.sinensis (celle qui vit en Lot-et-Garonne) est de plus ou moins 2300 grammes (les différences sont liées au sexe, souvent avec des mâles plus gros). Ce besoin énergétique quotidien est, proportionnellement, identique aux autres espèces aquatiques. Lorsque la météorologie est froide en hiver, cette ration quotidienne doit être péchée rapidement. Les oiseaux doivent être « efficaces » pour maintenir un métabolisme viable (l’espèce ne réduit pas sa température corporelle lorsqu’elle est sous l’eau donc perd beaucoup d’énergie, et elle ne constitue pratiquement pas de réserve de graisse). Le Grand Cormoran pratique parfois la pêche collective sur des secteurs où une forte quantité de proies a été repérée. C’est le cas sur des élevages non protégés ou lors de lâcher de jeunes poissons par les associations de pêche de loisirs. De plus, les poissons concernés ont une réaction de fuite plus faible que des poissons sauvages. Comme tout élément d’un système le Grand Cormoran s’intègre aux diverses compétitions qu’engendrent le fait de côtoyer d’autres espèces largement piscivores : poissons carnassiers, autres oiseaux, mammifères dont Homo sapiens…
Beaucoup des différents oiseaux présents dans les milieux aquatiques, piscivores, insectivores, crustacivores, herbivores… ont dû, au cours de l’évolution résoudre un problème important afin d’avoir accès à leurs ressources : se déplacer sous l’eau ! La famille des phalacrocoracidés possède la panoplie complète nécessaire à cette pratique : corps profilé, pattes palmées, membrane nictitante, glande uropygienne pour imperméabiliser le plumage. Toutefois, la différence avec d’autres espèces plongeuses réside dans le compromis entre 1-conserver de l’air dans les plumes pour être isolé de l’eau et du froid lors d’une plongé et 2-résister à la poussée d’Archimède pour atteindre quelques profondeurs intéressantes. Je me permets de rajouter une 3ième contrainte, car j’observe également que, pour des oiseaux plongeurs-nageurs, les Cormorans ont aussi conservé de très bonnes capacités voilières (ce sont de grands migrateurs qui utilisent le vol battu et plané pour sillonner toute l’Europe jusqu’à l’Afrique du Nord (il est possible de consultez les connaissances sur les déplacements par les suivis d’individus bagués et contrôlés sur le site CRBPO - Data : Cartographie (mnhn.fr)). Ainsi, comme l’explique David Grémillet (c.f Bibliographie) une espèce comme le Grand Cormoran a des plumes dont seulement la moitié (la base) est structurée pour conserver de l’air, qui va envelopper l’oiseau d’un manteau étanche de quelques millimètres lors d’une plongée et l’autre moitié (l’extrémité), plus lâche, va s’imbiber d’eau et donc permettre de descendre plus facilement sous les quelques mètres d’eau qu’il doit prospecter pour manger. La ligne de flottaison de l’oiseau est ainsi très basse. C’est un plumage semi-aquatique. Les Cormorans font donc partie d’une famille d’oiseau tout à fait adaptée à un mode de vie de pêcheur en apnée qu’il associe à la pratique du vol à voile. Lors de la période de reproduction, d’avril à juillet, cette espèce se déplace activement sur les différentes zones de pêches potentielles d’un territoire (rivières, étangs…). En comparaison avec d’autres espèces aquatiques, regardez une Foulque macroule (Fulica atra) en train d’essayer de s’immerger alors qu’elle flotte comme un bouchon de liège ! Ou considérez les Podicipédidés (les Grèbes) ou les Gaviidés (les Plongeons) qui ont optimisé sur l’hydrodynamisme de leur silhouette combiné à l’étanchéité parfaite de leur plumage mais qui ont un vol très rapide, souvent bref et en ligne droite (cela reste 2 familles de migrateurs malgré tout ! Sans doute avec moins de capacité que les Grands Cormorans) et qui n’exploitent qu’une surface d’eau optimum lors de la nidification, sans déplacements aériens. Les canards plongeurs (Fuligules, Macreuses, Eiders, Harles…) associent assez bien leurs capacités de vol à celle de pouvoir plonger. Le Harle bièvre (Mergus merganser) notamment, est une espèce cavernicole arboricole (voire rupestre) et niche donc habituellement dans les cavités des arbres riverains. Cela suggère des déplacements en période de nidification et une certaine dextérité à manœuvrer dans les airs.
Les études de David Grémillet sur le Grand Cormorans ont encore démontré un aspect adaptatif tout à fait remarquable : cette espèce utilise l’acoustique sous l’eau pour repérer des proies potentielles. Il est connu de la part des Strigidés et des Tytonidés (les hiboux et les chouettes) une forte utilisation des sons émis par les micromammifères pour s’approcher d’eux jusqu’à la capture. Au-delà de l’écholocation, les Chiroptères utilisent également les émissions ultrasonores des insectes nocturnes pour les localiser avec précision. Sous l’eau, notre Cormoran serait bel et bien à l’écoute des « bruits » de poisson… la pêche dans des eaux turbides est donc possible, voire avantageuse ! Cela est donc un atout considérable pour exploiter tous les milieux aquatiques et cela jusqu’à l’arctique (pêche nocturne pendant la nuit polaire) !
Enfin, la posture caractéristique de l’espèce qui « sèche » les ailes déployées, serait en fait une manière d’activer la digestion après des séquences de pêche dans l’eau où l’oiseau a rempli son estomac et a donc besoin de chaleur pour assimiler plus rapidement sa pêche. Cette énergie vient des muscles pectoraux tendus par la posture employée. C’est donc juste un petit digestif !
Il est étonnant de voir cet oiseau imposant venir se « remiser » sur quelques branches fines au sommet des grands arbres riverains. Les groupes fonctionnent en dortoirs nocturnes, sur lesquels les oiseaux peuvent échanger quelques informations (ce sont des lieux sociaux, de rencontres et d’échanges où l’on entend les oiseaux « discuter » le soir), avant de repartir à l’aube pêcher dans un rayon d’au moins une quinzaine de kilomètres.
Photographie : Nicolas PINCZON – Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), individus au dortoir, Lot-et-Garonne – 22 décembre 2021
Cet oiseau a bien sa place dans nos milieux aquatiques sauvages. Seules les piscicultures professionnelles devraient pouvoir empêcher les Grands Cormorans par diverses techniques (filets, prélèvement) de venir pêcher sur leurs plans d’eau d’élevage.
Malgré la logique qui veut que la chasse (sous forme de « prélèvement ») de cette espèce protégée et non consommée ne devrait pas concerner les affaires de la pêche de loisirs, la Fédération Départementale de Pêche et de Protection du Milieu Aquatiques de Lot-et-Garonne (comme la majorité des départements français) obtient un quota de tirs de régulation de la part de la Préfecture de 500 oiseaux par an. A ce jour, l’estimation des « dégâts » que provoquerait le Grand Cormoran dans les milieux d’eau libre (naturels) n’est pourtant pas démontrée. Les tirs sont effectués par des chasseurs locaux (juste déclarés à l’OFB). Ces demandes de régulation sont officielles depuis 1997 et les quotas ont été en hausse jusqu’aux 500 oiseaux annuels. Les oiseaux sont tirés le plus souvent au dortoir à la tombée de la nuit (dortoir parfois mixte avec des ardéidés protégés notamment la Grande Aigrette (Ardea alba)) et ne sont pas prélevé lorsqu’ils tombent dans l’eau, c’est-à-dire dans la majorité des cas. Les oiseaux blessés se noient au fil du courant. D’après des échanges avec les tireurs, ces tirs ne semblent démontrer aucune efficacité sur l’évolution des effectifs localement, depuis 23 années qu’ils sont réalisés.
Aussi, pourquoi continuer cette pratique de la part de cet acteur local ? Il y a une adéquation négative entre l’objectif et la technique.
Le report de ce questionnement à une échelle plus vaste, européenne, est nécessaire : quelle est la conséquence de tous les tirs (réalisés par la majorité des pays de l’Union) sur la population de Grand Cormoran ? (Je n’ai pas trouvé de rapport récent sur les modalités, l’organisation des tirs et les effectifs d’individus tués chaque année. Existe-t-il ?). Pour connaître cet impact, cela demanderait une connaissance très fine de la dynamique démographique de cette très vaste population. Celle-ci a dû inclure cette contrainte de prédation dans son fonctionnement et peut être produire davantage de jeunes pour faire face à une mortalité plus importante ? Il serait souhaitable également de considérer la capacité d’accueil de cette espèce sur ces différents territoires mais cela est impossible. De manière plus pragmatique (nous avons un peu de recul maintenant), s’il y avait une contrainte d’un manque de ressource alimentaire pour l’espèce, les effectifs baisseraient inexorablement. Or ce n’est pas le cas. De même, aucun déclin sévère d’autres espèces piscicoles qui fréquentent les mêmes habitats n’a été constaté du fait de compétition extra-spécifique (je pense aux Ardéidés). Depuis maintenant 15 années que les effectifs du Grand Cormoran sont, semble-t-il reconstitués (et même encore sensiblement en hausse malgré les tirs), la ressource en Cyprinidés est toujours là. La présence d’un prédateur piscivore comme le Grand Cormoran est possiblement bénéfique sur des espèces abondantes de poissons (sélection par la prédation). Ce phénomène est plus connu chez les grands prédateurs carnivores (Canidés, Félidés…) sur les herbivores. Le Grand Cormoran ne « pullule » pas, et sa croissance n’est pas exponentielle, il ne détruit pas les populations de poissons qu’il consomme. Il est là simplement parce qu’il y a une niche écologique de disponible.
L’argument souvent entendu sur le terrain par les pêcheurs reste complétement simpliste, subjectif et bien arrangeant « il y en a beaucoup trop ». Que savons-nous de la multitude des espèces sauvages aujourd’hui ? Les Fédérations de pêche n’ont jamais prouvé un impact négatif du Grand Cormoran sur les populations de poissons sauvages. Si une baisse de ces populations de poissons est réelle, est-elle vraiment la conséquence d’une surpopulation d’un oiseau qui recolonise un territoire de manière naturelle ?
Les chasseurs de la Perdrix grise sauvage (Perdix perdix) de la moitié nord de la France qui ont pu accuser l’augmentation des populations de la Buse variable (Buteo buteo) après sa protection (en 1976) comme une cause du déclin (catastrophique) de cette espèce de Perdrix à partir des années 1980, n’avaient-ils pas (au-delà du fait qu’ils connaissent peu le régime alimentaire de ce rapace, basé sur les micromammifères , voire sur les vers-de-terre en hiver) vu venir la transformation radicale des habitats agricoles et l’utilisation massive de néonicotinoïdes ?
Les chasseurs et les pêcheurs ont une approche très artificielle (voire kitch, je pense aux prairies fleuries des chasseurs…) de la gestion des milieux naturels ou semi-naturels. Les espèces qui ont une valeur dans le cadre de ces loisirs sont priorisés (gibiers, poissons carnassiers…) au détriment de l’équilibre des écosystèmes. Non, les chasseurs et les pêcheurs ne sont pas les premiers protecteurs de la biodiversité en France (introduction d’espèces exogène ou hybride d’élevage, aire de nourrissage…). Sans parler des nombreuses espèces qui ne devraient pas ou plus être chassées ou pêchées. La réalité actuelle de l’état des populations d’oiseaux sauvages ne permet plus aucune "tradition" (chasse aux Alouettes, Tourterelles, Limicoles...).
En France le dernier comptage des Grands Cormorans qui a eu lieu en 2017-2018 (14ième recensement, une synthèse est faite tous les 3 ans, coordonnée par l’UMR CNRS ECOBIO à Rennes (Loïc Marion) et financé par le Ministère de la Transition Écologique) montre une légère hausse des effectifs hivernants (+1,75%) par rapport au comptage de 2014-2015. Seuls les hivers froids limitent les populations du grand Cormoran (-12,51% en 2009). La Fédération Départementale de Pêche et de Protection du Milieu Aquatiques devrait donc lutter contre le réchauffement climatique plutôt que de se permettre ces tirs inutiles et peu éthiques.
L’espèce niche maintenant dans de nombreux pays européens du Nord au Sud. Les effectifs en période de nidification pour la population française continentale (Ph.c.sinensis) étaient de 9660 couples environ en 2018 avec un ralentissement net de la croissance (progression de 0,92%) en comparaison avec 2015 (les colonies sont juste plus nombreuses mais plus petites). Dans les autres pays européens la population nicheuse s’est stabilisée depuis 2006 (L.Marion, 2019).
Il apparait que cette obtention de tir des Grands Cormorans de la Fédération Départementale de Pêche et de Protection du Milieu Aquatiques relève plus d’une action politico-économique que d’une action écologique de régulation. Il faut protéger l’économie de la pêche de loisirs dans le Lot-et-Garonne en sacrifiant 500 oiseaux par an, avec une médiatisation auprès des pêcheurs du dimanche, et cela plutôt que de protéger concrètement les milieux aquatiques.
Les fleuves et les rivières, ainsi que tous les poissons qui y vivent de manière endogène, en eau libre, ne sont pas la propriété des pêcheurs ! Ni même de quiconque. Le Grand Cormoran a donc le droit d’y pêcher lui aussi. Le poisson est à celui qui l’attrape ! L’économie basée sur la pêche d’espèces de poissons sauvages devrait donc être extrêmement modérée et respectueuse des milieux aquatiques et de sa chaine trophique inhérente.
Nous sommes loin de la philosophie du brave pêcheur qui descend passer l’après-midi au bord de l’eau et s’extasie humblement de la beauté et de la richesse naturelle des lieux… la pêche de loisir est devenue un marché, une approche purement commerciale pour les associations gestionnaires de ces pratiques et peu importe l’état de santé des rivières… peu importe les tirs inutiles d’oiseaux sauvages et protégés. L’impact économique de la pêche en Lot-et-Garonne est estimé à 24,3 millions d’euros (bilan d’activité de la FPPMA47 de 2020).
Cela devient le devoir de tous de protéger ces habitats (sans arrières pensées utilitaires) des réels dangers qui les menacent : pollution (industrie, agriculture intensive), irrigation, réchauffement de l’eau, destruction des habitats annexes, pêche illicite, introduction d’espèces hybrides ou exogènes citons simplement le Ragondin (Myocastor coypus) ou l’Écrevisse rouge de louisiane (Procambarus clarkii) mais aussi dans certains bassins (comme celui de la Garonne) le Silure glane (Silurus glanis), d’ailleurs péché, lui, en « No Kill » !
Confier la protection des milieux aquatiques à une association qui valorise la pêche sportive ou au « trophée » n’est-il pas contradictoire ? N’est-ce pas, pour elle, une manière d’être juge et partie ?
Le Silure glane est une espèce exogène qui s’est répandue dans tout le bassin de la Garonne du fait des lâchés artificiels organisés par des associations de pêche ou par des pêcheurs particuliers. Cette espèce a, pour le coup, largement montré son impact négatif sur les espèces de poissons sauvages (notamment migrateurs comme les Lamproies, Aloses, Saumons, Truites…) – voir les travaux de Frédéric Santoul (c.f Bibliographie).
Enfin, d’autres dimensions, plus irrationnelles, sont avancées quant à ce besoin de contrôler à tous prix les Grands Cormorans. Ces dimensions sont sociales et culturelles (C.Méchin, 2007). Il y a une exagération (parfois métaphorique) dans le mécontentement chronique des pêcheurs de loisir. L’oiseau passe pour un envahisseur, un ennemi (comparé aux Nazis éventuellement), et est toujours un « gros mangeur ». La rhétorique, en restant subjective, peut s’affiner et l’oiseau devient une « catastrophe écologique » qui déstabilise les écosystèmes. Ainsi, une génération de pêcheur n’a pas accepté cette « nouvelle » espèce. Mais elle n’était nouvelle que pour eux. Dès les années 1980 ce sont ces oiseaux étranges et inconnus (en eau douce) qui sont venus du ciel troubler, semble-t-il, leur paix de pêcheur. L’oiseau se coltinait déjà une mauvaise réputation depuis probablement plusieurs siècles. Il a été classé, dans l’imaginaire de pêcheurs, du côté des oiseaux mal aimés parce qu’il « représente » quelque chose, au-delà d’être un hypothétique concurrent. Quelque chose d’immaitrisable (le sauvage), à moins que cela soit son aspect physique, sa noirceur, sa lourdeur ? La forte mobilisation des associations et fédérations de pêcheurs de loisir au niveau national, le fonctionnement de l’administration française, leur a permis de récupérer le droit dérogatoire de les tirer depuis 1997. Sans aucune remise en question à ce jour… Ces tirs ne sont pas fondés écologiquement parlant.
En termes de communications, alors que les tirs de régulation des 500 Cormorans ne sont pas mentionnés dans le Plan Départemental pour la Protection des Milieux Aquatiques et la Gestion des ressources piscicoles (PDPG) de la Fédération de pêche Lot-et-Garonne sur la période 2017-2021, une vulgarisation tout à fait succincte, peu documentée, qui focalise sur ces actions de tirs, a lieu dans la presse locale. Les clichés faciles continuent et l’oiseau sera toujours un « gros mangeur de poisson ». Les éventuels opposants (comme la Ligue de Protection des Oiseaux) ne sont pas consultés. Enfin, la légende d’une photographie (SUD-OUEST, 15 nov 2021) peut comparer un petit groupe de Cormorans au film d’Alfred Hitchcock « Les Oiseaux », ne pouvant ainsi les stigmatiser que comme des oiseaux inquiétants, invasifs et agressifs au point d’attaquer les populations humaines… Les phantasmes négatifs vont toujours bon train ! A ces propos diffamatoires, les oiseaux n’ont pas le droit de réponse ! Hitchcock faisait de la fiction. Le journalisme devrait nous informer d’une réalité ! Quitte à utiliser une allusion cinématographique, je me demande si ce sujet n’aurait pas été mieux illustré avec le film de Rowdy Herrington « Piège en eaux troubles » (certes de moins bonne qualité qu’un Hitchcock) où les cadavres flottent et où le sérial killer est un flic…
Vous l’aurez compris, je reste plutôt favorable à la chasse et à la pêche. Je suis en revanche nettement opposé aux actions des chasseurs et des pêcheurs et aux droits que l’on peut leur confier. Un coup de fusil ne résout rien.
Je n’aime pas les généralités. N’opposons pas naïvement deux camps. Difficile aussi de ne parler que de LA chasse ou de LA pêche. Il y a une multiplicité des pratiques de chasse et de pêche. De même, il y a un lien étroit entre les agriculteurs, les chasseurs et les pêcheurs et une seule personne peut être les trois à la fois ! La raisonnable petite chasse paysanne a disparu avec le petit gibier sauvage. Les élevages, l’hybridation, le nourrissage, la dégradation des milieux ruraux ont largement favorisé le Sanglier d’Europe (Sus scrofa). Son contrôle ne semble plus s’apparenter à de la chasse. Il y a comme une systématisation des actes de régulation de la faune sauvage. Alors que cela est indispensable actuellement pour le Sanglier et le Ragondin, cela devrait être du cas par cas pour les Canidés ou le Grand Cormoran. Pour les Mustélidés, dont beaucoup d’espèces régressent indéniablement, le piégeage n’est absolument pas sélectif, ce qui pose le problème des captures de Vison d’Europe (Mustela lutreola), de Putois d’Europe (Mustela putorius).
Charles Stépanoff (c.f Bibliographie) aborde à travers Michel Foucault, l’idée de biopouvoir cynégétique. Il y a un contrôle de la rentabilité des populations animales chassées et pêchées. Ainsi le pêcheur ne voit le poisson (même sauvage du moment qu’il se pêche et qu’il se mange) que comme un capital, une marchandise.
Pour moi, ce n’est pas tant le fait de tuer un animal qui pose problème. Encore faut-il que cela ait un sens. Mais, de ne pas admettre que, pour sauvegarder l’avenir, il faut comprendre l’intégrité des écosystèmes, l’extraordinaire complexité du vivant et cela sans aucune considération d’exploitation du sauvage. Faire simplement partie intégrante de ce monde. Il ne me semble pas que les chasseurs-pêcheurs habitent véritablement un territoire. Ils « surjouent » afin de faire exister une classe sociale, des traditions et tout un monde révolu, ils bricolent un nouvel "ancien monde". C’est à la fois une crise de leur identité mais avec une dimension politique et économique qui est de plus en plus flagrante. Cela sous-entend des tensions de pouvoirs, de la communication démagogique… Ils agissent maintenant comme si le monde devait s’adapter à eux et à leurs idées archaïques et non l’inverse. Peuvent-ils seulement se projeter et s’imaginer dans un futur naturel et sauvage ? Ils prônent une nature rentable économiquement. Ils ne connaissent que la biodiversité qui les intéresse et ne font que communiquer avec ce mot. Avec eux nous perdons le sauvage. Je ne veux pas du monde insipide qu’ils nous infligent. J’attendais de leur part quelque chose de plus subtile. Avec eux, j’ai bien peur que nous allons devoir nous satisfaire d’une nature simplifiée. Les agriculteurs-chasseurs-pêcheurs vu comme les jardiniers de nos paysages et garants d’une riche biodiversité… je n’y crois pas encore.
Actuellement, du fait de ces modes de gestions, nous voilà avec deux réels ravageurs pour les écosystèmes : l’un sur terre, le Sanglier, et l’autre dans l’eau, le Silure.
Ajoutons que les moyens mis en place par l’Etat, à travers les services départementaux de l’Office Français de la Biodiversité, pour surveiller, enquêter, gérer les actes de prélèvements, suivre des populations animales et la qualité des habitats, me semblent absolument dérisoires…
Je pense que les temps actuels entretiennent de profondes divisions entre les différentes façons d’agir pour l’environnement et opposent des groupes sociaux dont les actes sont extrêmes. Tout est très politisé, très revendiqué. Il n’y a aucune harmonie. De profonds ressentiments peuvent-ils être latents ? Certains groupes qui ont une relation économique à l’environnement sont et seront dans un conflit d’intérêt systématique. Avec eux, la question de la transition écologique va être compliquée…
Heureusement que l’observation des oiseaux qui font de la résistance me réconforte ! Les Grands Cormorans sont des oiseaux ÉTONNANTS !!
Dessin : Nicolas PINCZON, 2014
Bibliographie :
Les manchots de Mandella, et autres récits océaniques – Chapitre 1- Cormoran polaire – David Grémillet – Mondes sauvages - ACTES SUD, 2021
Modéliser les besoins alimentaires quotidiens des Grands Cormorans hivernants : un outil bioénergétique pour la gestion de la faune – D.Grémillet, G.Wright, A.Lauder, D N. Carss, S. Wanless – JOURNAL OF APPLIED ECOLOGY, BRITISH ECOLOGICAL SOCIETY, Vol 40, n°2, avril 2003
Blogue – David Grémillet – Océanographe - davidgremillet.com
Publication du droit de réponse au quotidien régional L’Est Républicain – LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX DE FRANCHE-COMTE, 09 avril 2021
Problèmes biogéographiques, écologiques et taxonomiques posés par le Grand Cormoran Phalacrocorax carbo – Loïc Marion – La Terre et la Vie, revue d’écologie, vol.38, 1983
Recensement national des Grands cormorans hivernant en France durant l’hiver 2017-2018 - Marion L. - Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature, Direction de l’Eau et de la Biodiversité, SESLG-Université Rennes I-CNRS, 2018
Recensement national des colonies de Grands cormorans Phalacrocorax carbo en France en 2018 et comparaison avec celui de 2015 – Marion L. – ALAUDA – Revue internationale d’Ornithologie – Vol.87 (3), 2019
Le fleuve qui voulait écrire – Camille de Toledo – Manuella éditions – les liens qui libèrent, 2021
Une espèce jugée invasive dans l’espace français : le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo L.) – Colette Méchin – Anthropozoologica 42 (1), 2007
Lot-et-Garonne : le cormoran dans la ligne de mire – Jean-Marc Lernould - SUD-OUEST, article du 15 novembre 2021
Fédération Pêche à Agen - peche47.com
Ci-gît l’amer – Guérir du ressentiment – Essai – Cynthia Fleury – éd Gallimard, 2020
Silure monstre des rivières – Comment lutter contre le Silure, fléau des rivières – A.Paul, P.Chaillier, Ph.Rioux – La Dépêche du Midi du 09 mai 2021
La menace du silure plane sur les écosystèmes d’eau douce européens | National Geographic - https://www.nationalgeographic.fr/animaux/la-menace-du-silure-plane-sur-les-ecosystemes-eau-douce-europrens
Études des interactions du Silure glane (Silurus glanis) avec l’ichtyofaune métropolitaine – N.Guillerault, S.Delmotte, N.Poulet, F.Santoul – Rapport final ONEMA, ECOLAB, 2015
Les Poissons d’eau douce de France – Philippe KEITH, Henri PERSAT, Éric FEUNTEUN et Jean ALLARDI – Biotope éditions, Publications scientifique du Muséum, collection inventaires et biodiversité, 2011
L’animal et la mort - Chasses, modernité et crise du sauvage – Charles Stépanoff – Sciences sociales du vivant – éd La Découverte, 2021
Faut-il en finir avec les oiseaux-nazis ? - Alain Bougrain-Dubourg - charliehebdo.fr, décembre 2021Certains oiseaux diurnes utilisent un phénomène physique lumineux pour être éclatants de couleurs…
Photographie : Nicolas PINCZON - Le Martin –pêcheur d’Europe - Alcedo atthis – Les Alcédinidés : 19 genres et 114 espèces dans le monde… mais qu’un seul représentant de la famille par chez nous ! – 8 décembre 2021 – Réserve Naturelle de l’étang de la Mazière – Lot-et-Garonne. Femelle, un matin d’hiver, en attente d’un petit poisson…
La couleur bleue intense de cet oiseau n’est pas le fait d’une pigmentation bleue de la plume. Il s’agit de l’effet Tyndall, un phénomène physique visuel d’irisation : « L’effet Tyndall est un phénomène de diffusion de la lumière incidente sur des particules de matière, de dimensions plus petites ou comparables aux longueurs d’onde de cette lumière. Cet effet est visible dans les systèmes colloïdaux, notamment les suspensions, les émulsions ou les aérosols. Le phénomène est facilement observable sur des rayons de lumière lorsqu’ils traversent des zones riches en particules solides ou liquides (par exemple de la poussière ou des gouttes d’eau). Ce phénomène optique s’explique aujourd’hui dans le cadre de la diffusion Rayleigh. L’intensité de la lumière diffusée est proportionnelle à la puissance quatrième de la fréquence, en conséquence la lumière de couleur bleue est notablement plus diffusée que la lumière de couleur rouge. Cet effet explique la couleur bleue du ciel. Les irisations des plumes d’oiseaux sont produites par les barbules renfermant des réseaux de microlamelles. Une barbule à microlamelles reposant sur une barbule riche en mélanine noire, cette dernière absorbe les radiations parasites. Les microlamelles ont l’avantage sur les microgranules de mélanine de pouvoir produire toutes les couleurs du spectre solaire, alors que les microgranules ne peuvent produire que du bleu. » (Source : Wikipedia – Effet Tyndall, Plume)
N’oublions pas que les oiseaux voient (sans doute pas toutes les espèces) le spectre des Ultra-Violets. Les oiseaux sont probablement largement plus colorés pour eux-mêmes qu’ils ne le sont pour nous !
Enfin visiblement, nous devons capter l’essentielle de la fabuleuse gamme des différents bleus du Martin-pêcheur ! Remercions le camarade Soleil en passant ! Sans lui, qui luit... le monde serait sans couleurs !
DE BELLES FÊTES A TOUS !ORNITHOLOGIE : Deux yeux jaunes dans un champ de cailloux…
lundi 8 novembre 2021, par Nicolas Pinczon Du Sel
AVIS DE RECHERCHE : Où sont les Oedicnèmes criards ?!
Photographie : Nicolas PINCZON – Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) – 24 octobre 2021, 24-ISSIGEAC
L’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) est une des 12 espèces de limicoles qui peuvent se reproduire en ancienne Aquitaine. Les limicoles s’y divisent en 5 familles (les Charadriidés, les Scolopacidés, les Burhinidés, les Récurvirostridés, les Haematopidés) et occupent des habitats finalement assez divers : de la forêt profonde au rivage marin, en passant par les landes, les cultures sèches, les zones arides, les marais, les rivières et les fleuves. Tant qu’il y a des sédiments riches en divers organismes tel que les Annélides, les Crustacés, les Mollusques bivalves, les Insectes, les Arachnides...
L’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) est un limicole un peu à part. Classé dans la famille des Burhinidés, nettement thermophile, il est adapté aux habitats semi-désertiques. L’espèce est visible dans le Sud-Ouest du mois d’avril jusqu’à la fin de novembre, où il occupe des zones actuellement dédiées à l’agriculture céréalière intensive. L’espèce a du mal à survivre du fait des pratiques culturales actuelles. Il y a une réelle difficulté pour les couples à élever leurs 2 poussins jusqu’à l’envol. Ils nichent à terre, dans des zones où la végétation doit être rase. Le passage du tracteurs est fréquent pour des traitements phytosanitaires, pour des récoltes, pour du hersage, etc… Les assolements, l’enchainement rapide des travaux ne permettent pas toujours de favoriser sa présence. Il faut à l’espèce des parcelles clairsemées et tranquilles quelques temps. La culture de la luzerne dans les assolements est favorable à sa présence. Il aime également les pelouses rases, notamment pâturées par les ovins.
C’est un oiseau qui aime se manifester vocalement dès que le soleil disparaît derrière l’horizon. Dans la pénombre enfin plus fraiche, les groupes émettent de longues séries de cris stridents, flûtés, roulés… cela raisonne dans la campagne et, sous le ciel étoilé, donne une ambiance tout à fait étrange !
Son : MATIES – Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) –Majorca, Illes Balears– SPAIN – 03 septembre 2020 (source : xeno-canto.org)Eurasian Stone-curlew (Burhinus oedicnemus)En Dordogne, dans le Lot, dans le Lot-et-Garonne, dans le Tarn-et-Garonne, l’espèce est souvent associée à une avifaune typique des plateaux calcaire plus ou moins cultivés (mais plutôt plus que moins) : Bruant proyer (Emberiza calandra), Moineau soulcie (Petronia petronia), Caille des blés (Coturnix coturnix), Alouette lulu (Lullula arborea), Elanion blanc (Elanus caeruleus), Chevêche d’Athena (Athene noctua), Effraie des clochers (Tyto alba), Busard cendré (Circus pygargus), etc… c’est aussi éventuellement l’habitat de l’Outarde canepetière (Tetrax tetrax), mais celle-ci a récemment disparu de ces départements.
Je suis intéressé par vos observations de l’Oedicnème criard sur le Lot-et-Garonne ! N’hésitez pas à me les communiquer en précisant les lieux et les dates d’observation. Ceci afin de réorienter les informations vers les acteurs locaux du Programme national de suivi de l’Oedicnème criard. Il s’agit d’une enquête qui se déroule de 2021 à 2023 en France. Pour en savoir plus sur le volet « Oedicnème » de l’enquête nationale Limicoles et Anatidés nicheurs (LIMAT), consultez le site :
www.oedicneme-criard.ovh
Photographie : Nicolas PINCZON – Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) – 24 octobre 2021, 24-ISSIGEAC
Bibliographie :
GÉROUDET P., éditions mise à jour par OLIOSO G.- LIMICOLES, GANGAS, PIGEONS D’EUROPE – éd Delachaux et Niestlé, 2008
ISSA N., MULLER Y. – Atlas des oiseaux de France métropolitaine, nidification et présence hivernale – Volumes 1 & 2 - éd Delachaux et Niestlé, 2015
DON TAYLOR – Guide des limicoles d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord – éd Delachaux et Niestlé, 2006
THEILLOUT A. & Collectif faune-aquitaine.org – Atlas des oiseaux nicheurs d’Aquitaine – LPO Aquitaine, Delachaux & Niestlé, 2015ORNITHOLOGIE : Et toujours quelques oiseaux migrateurs…
lundi 4 octobre 2021, par Nicolas Pinczon Du Sel
Phénomène extraordinaire, la migration des oiseaux vue à travers 4 exemples observables dans le Sud-Ouest.
Le sujet est toujours aussi passionnant ! Les oiseaux ont un domaine vital fabuleux et changent radicalement de latitude en quelques nuits de vol, simplement par leur vigueur et leur sens de l’orientation. C’est comme si la planète était à eux ! Pour plus de précisions, lire les articles du 11 septembre 2020 et du 01 octobre 2018 dans ce même blog. Afin de toujours illustrer ce phénomène qui me fascine, voici, pour la migration postnuptiale de 2021, quelques photographies :
Le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) dont les populations en transit sur les prairies pâturées rases, les guérets et les labours, qui évoquent pour eux leur habitat de prédilection de type steppique, viennent de tout le nord du continent asiatique depuis l’Alaska ! Parfois, pour la sous-espèce Oenanthe oenanthe leucorrhoa les individus arrivent du Groenland ! Le passage a lieu essentiellement en septembre dans le Sud-Ouest. L’espèce est facile à remarquer, lorsqu’elle séjourne bien en vue dans un champ et qu’elle capture les petits arthropodes en sautillant au sol.
Photographie : Nicolas PINCZON – Traquet motteux (Oenanthe oenanthe), chantier d’une zone d’activité économique – 06 septembre 2020 - 64 GARLIN
Les contacts avec les oiseaux migrateurs sont plus ou moins faciles. Un vol de Grues cendrées (Grus grus) est très facilement repérable pour tout le monde. L’ensemble des Rapaces et les Cigognes qui planent lentement en plein jour sont également faciles à capter. Pour observer les espèces de Passereaux, l’inspection des buissons ou des prairies et des cultures doit être minutieuse. L’ornitho munit d’un télescope a rendez-vous avec les Limicoles, les Rallidés et les Anatidés de passage sur les grèves mouillées de l’océan, des fleuves et des marais. La parfaite connaissance des cris de contact des différentes espèces en migration est indispensable. De jour comme de nuit, ce qui traduit un flux migratoire est très souvent acoustique ! (C .f la Bibliographie en fin d’article).
Photographie : Nicolas PINCZON – Milan royal (Milvus milvus), 4 individus passent haut dans le ciel, plein sud ! – 21 octobre 2018 – 47 BOE
Photographie : Nicolas PINCZON – Grue cendrée (Grus grus), vol de migration prénuptial, plein nord ! – 23 février 2019 – 47 PRAYSSAS
Mais, il apparait qu’une technique reste toujours intéressante pour évaluer la diversité des espèces de passage. Il s’agit de la capture. Sur les stations de baguage du Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO-MNHN°Paris), les espèces discrètes et difficiles à identifier aux jumelles sur le terrain, se révèlent donc « en main » ! C’est le cas de La Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris). Cette espèce est assez semblable à la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) – voir l’article du 29 mai 2020 sur ce même blog – et elle est, lors de ses déplacements vers la zone Afrotropical, plutôt silencieuse (ses cris de contact sont discrets, très proche d’autres Acrocephalidés, moins émis en migration ?). Actuellement, c’est la capture qui permet d’authentifier son utilisation des marais du Sud-Ouest pour rejoindre l’Afrique. La voie migratoire occidentale, Atlantique, semble actuellement peu utilisée par l’espèce, mais pourtant des cas réguliers existent, et ces captures occasionnelles restent intéressantes ! L’espèce est typiquement un oiseau des mégaphorbiaies buissonnantes du Nord-Est de l’Eurasie et migre habituellement par le couloir oriental (Europe de l’est, par la vallée du Rhône en France)
Photographie : Nicolas PINCZON – Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) – Individu adulte capturé le 01 septembre 2021 lors des opérations de suivis scientifiques de la migration des passereaux à la Réserve Naturelle Nationale de l’étang de la Mazière (SEPANLOG) – 47 VILLETON
De même, le rarissime Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) s’étudie en migration par la capture. Cette espèce utilise le couloir occidental pour rejoindre l’Afrique de l’Ouest
Photographie : Yannig COULOMB – Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) – Individu capturé le 17 août 2020 lors des opérations de suivis scientifiques de la migration des passereaux à la Réserve Naturelle Nationale de l’étang de la Mazière (SEPANLOG) – 47 VILLETON
Enfin, les populations de passereaux en voyage provoquent le départ de leurs prédateurs ailés tout aussi aptes aux grands déplacements. C’est ainsi que certains Faucons et les Eperviers poursuivent leur « garde-manger » vers le sud. Toutes les populations d’oiseaux sont alors à leur maximum d’effectif puisque qu’elles viennent de se reproduire et que les individus juvéniles dit de « Première Année » sont encore nombreux, et le taux de mortalité peu réel. Le ciel du Sud-Ouest se peuple alors de petits Rapaces ornithophages, parfois affamés, comme le Faucon émerillon (Falco colombarius), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), ou l’Épervier d’Europe (Accipiter nisus)…
Photographie : Nicolas PINCZON – Épervier d’Europe (Accipiter nisus) – individu femelle à l’affût des passereaux, dans un Robinier faux-acacia – 02 octobre 2021 – 47 SAUVAGNAS
L’étude et la protection de la diversité avifaunistique nécessite une forte cohérence entre les différents pays où passent ces populations d’oiseaux, depuis les zones de reproduction jusqu’aux zones d’hivernage en passant par les haltes migratoires. Les oiseaux n’ont pas de frontières et c’est parfois 5 à 6 pays qui sont concernés pour une seule espèce ! Les politiques d’autorisation des tirs pour la chasse de loisir sur les espèces migratrices ou d’autorisation des chasses dites "traditionnelles", les politiques de préservation des habitats (gestion) et de la quiétude des sites de repos et d’hivernage, devraient s’accorder sur le pays le plus rigoureux en termes de respect intégral de la faune sauvage et des moyens mis en œuvre pour la répression des actes illégaux.
Bibliographie :
La migration des oiseaux, comprendre les voyageurs du ciel – Maxime ZUCCA – éditions Sud-Ouest, 2021
Identifier les oiseaux migrateurs par le son – Stanislas WROZA – éditions Delachaux & Niestlé, 2020
La migration nocturne par le son - Stanislas WROZA & Julien ROCHEFORT - éditions Delachaux & Niestlé, 2021MAMMALOGIE : Mieux connaître les Chauves-souris du Lot-et-Garonne
jeudi 8 juillet 2021, par Nicolas Pinczon Du Sel
Les Chiroptères en Terres Gasconne et Landaise du Lot-et-Garonne – Inventaire des colonies, diagnostics et suivis des gîtes
Financé par la DREAL Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’amélioration des connaissances en sites Natura 2000, ce projet est porté par la SEPANLOG en partenariat avec le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine, Albret Communauté, le Syndicat d’Aménagement du Bassin Versant du Ciron et Faune Flore Futur. FLYER PROSPECTION CHIROPTERES GASCO-LANDAIS 2021 téléchargeable sur la page DOCUMENTS et PRESTATIONS de ce même blog.
OBJECTIFS DU PROJET :
• Identification de gîtes des principales espèces de chiroptères sur le territoire (28 communes sur des zones Natura 2000 de la Gélise, de l’Ourbise, de l’Avance, du Ciron, des caves de Nérac)
• Suivi et diagnostic de l’état écologique des colonies
• Etude de la connexion inter-sites (marquage et contrôle d’individus marqués)
Plus d’explications grâce à Radio-Bulle 93.6 Mhz, lors de l’excellente émission d’Ophélie SOULARD « La Quotidienne » du 06 juillet 2021. Le lien :
https://bullefm.net/les-chauves-souris-en-lot-et-garonne-mieux-les-connaitre-pour-mieux-les-proteger
Photographie : N.PINCZON – Murin de Daubenton (Myotis daubentonii) dans une fissure sous un pont. Lot-et-Garonne – Juin 2021 – Photographie N.PINCZON/SEPANLOGA propos de l’auteur
Animé très jeune par l’observation des animaux, je concrétise ma passion en arpentant les forêts, montagnes, rivages et autres marécages, les jumelles au cou, le carnet de notes en main, un guide d’identification toujours ouvert… à 22 ans je passe plus d’une année dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises pour étudier les Pétrels, les Prions, les Albatros, les Manchots...
Lire la suite...
Liens utiles
FAUNA
Sepanlog
CENNA
Faune Aquitaine
CRBPO Info
Festival du film ornithologique
Oiseaux en France
SFEPM
ascete.org
La hulotte
http://www.plume-de-naturalistes.fr/Me contacter
2018 - 2024 BLOG D’UN NATURALISTE DANS LE SUD-OUEST
| Se connecter